Frissons de nature


 

 

J'aime ce moment particulier, ce "pré-printemps" ou la nature frissonne. Ce moment charnière ou l'hiver grille ses dernières cartouches dans sa vague de froide de février, alors que le printemps, sûr de sa victoire, s'étire doucement comme un chat qui émerge de sa 38ème sieste, la moustache frétillante.

Les perces-neige éteignent leurs lampadaires d'hiver, les fritillaires en bonnes dernières de la saison pointent leurs lanternes rouges, alors que les soleils discrets des pâquerettes leur volent déjà la vedette.

 

 


Puis viennent les arbres, un peu plus longs au réveil. La sève démarre son dur travail et remonte les lourdes branches encore engourdies par l'hiver. Les prunus, les merisiers, bercés par la musique du Touch, un affluent de la Garonne, se décident les premiers à sortir de leur hibernation. Ils relèvent le nez, fiers comme des arbres sauvages. Irrigués par le sang neuf de la sève, ils dévoilent leurs premières fleurs qui se marient si bien avec les dernières lueurs des courtes journées de fin d'hiver, aux lumières surprenantes.

 

 

Les giboulées de mars marquent encore un temps la bagarre entre l'hiver et le printemps, en déployant des arcs en ciel lumineux qui ferment la porte de l'hiver. Puis les haies s'étoffent pour accueillir les nids des oiseaux qui s'affairent déjà à chercher le meilleur endroit. Elles se parent de leurs atours, et les épines disparaissent un temps sous les fleurs d'églantier, le plus commun de nos rosiers sauvages qui nous ouvre son cœur.

Alors le soleil s'installe douillettement. Il raffermit ses rayons et rallonge peu à peu les journées, minute après seconde. Il décroche encore quelques croche-pattes aux dernières giboulées de mars et lance la révolte. Les arbres fruitiers redressent la tête et déploient leurs farandoles de fleurs. Les oiseaux gazouillent à qui mieux-mieux, en rêvant aux cerises et aux fruits qui vont faire leur bonheur et celui de leurs petits. Les loirs ne dorment plus, les rongeurs sortent de leurs terriers. Tous arrivent, ils sont prêts pour le rendez-vous, le grand rendez-vous annuel. C'est la fête dans les vergers, les arbres sonnent dans leurs trompettes de fleurs et célèbrent à l'unisson l'arrivée du printemps.