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Panique chez le panicaut !


 

Il était une fois, un chardon qui n'était pas un chardon. Évidemment si vous vous levez du pied gauche et que vous le posez dessus, ses fines épines vous feront sûrement croire le contraire, pourtant, il est de la famille des Apiacées, comme la carotte sauvage, le fenouil, le persil... Comme pour la carotte sauvage, il faut s'approcher pour comprendre, ses inflorescences sont composées d'une multitude de toutes petites fleurs. Seulement au lieu d'être rassemblées en une large ombrelle comme les carottes, elles sont rassemblées sur de petites boules d'un vert pâle bien sympathique.

 




 

Notre petit "non-chardon" s'appelle donc un panicaut champêtre. C'est une plante vivace assez discrète, de 30 à 60 cm de haut en moyenne, mais avec une racine qui peut s'enfoncer jusqu'à 5 mètres de profondeur, autant dire qu'on ne s'en débarrasse pas facilement. Le panicaut à première vue, n'incite pas particulièrement à la photographie, d'ailleurs je suis passée bien longtemps à côté sans lui jeter un regard. Ses enchevêtrements de branchouilles créent des lignes claires sur les fonds qui en deviennent parfois difficiles à exploiter et ses épines qui s'accrochent un peu trop souvent à votre bonne volonté, font souvent glisser l'objectif macro sur d'autres sujets plus faciles à aborder.

 




 

Mais voilà, tous les étés, il y a un moment où le panicaut attire le regard du photographe, c'est la période de sa floraison qui s'échelonne de juillet à septembre, selon les régions. Il n'a pas l'air comme ça, mais le panicaut fleurit, (sur les photos il est en fleur, si, si..) et au début sa floraison, il attire une quantité d'insectes impressionnante, même si, comme certaines orchidées, il peut très bien se reproduire tout seul. Après la floraison, ses fleurs se transforment en fruits qui se sèment soit par le vent, soit en s'accrochant à des animaux (ou à des photographes) pour être véhiculés gratos sur un collègue. Donc il n'a aucun problème pour élargir son territoire.

 




 

Ce qui nous intéresse particulièrement, c'est sa période de floraison qui attire des insectes en tout genre : papillons, mouches de toutes sortes, tachinaires, syrphes, fourmis, punaises diverses... et leurs prédateurs très intéressés par cette soudaine activité. Pour ma part, c'est sur la période de cet été pas comme les autres, que j'y ai vu le plus d'insectes en même temps. J'ai eu la chance de trouver un joli pied à l'ombre avec l'arrière plan au soleil pour apporter une lumière sympa. Car le challenge avec le panicaut, c'est d'apporter de la douceur au cœur des épines et pour ça la lumière est un élément clé avec la profondeur de champs la plus courte possible et isoler son sujet pour ne pas trop garder de branchouilles dans l'arrière plan.. 

 



 

Au milieu de la matinée, dans toute cette agitation, une mante religieuse s'est invitée au festin. Discrètement sa tête triangulaire s'est avancée entre les épines en me surveillant du coin de tous ses yeux, et en une petite heure je l'ai vue attraper et dévorer 3 papillons et 2 mouches. Dès qu'ils se posent dans son rayon d'action, la détente fulgurante de ses pattes ravisseuses ne leur laisse aucune chance. Absorbés par leur quête de pollen, ils ne voient rien venir, et elle y était encore quand je suis partie. La mante n'était pas la seule à profiter du festin, une araignée s'est incrustée elle aussi et à réussi à prendre une fourmi dans ses filets. Il y en avait pour tout le monde. Les mouches mangent le pollen, les papillons aspirent le nectar, et les mantes mangent les mouches et les papillons ! Des sauterelles, des punaises, plongeaient elles aussi la tête dans les fleurs alors que leurs cousines réduves, des punaises carnassières, attendaient un bon coup à jouer, tout comme des agrions de passage. Des guêpes, abeilles, bourdons, ichneumons allaient et venaient, comme à la foire. Vivement l'année prochaine pour que la fête recommence, même si chaque été, la vie se réduit un peu plus et le nombre d'insectes diminue, quel plaisir de retrouver cette animation.

 

Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter le drôle d'insecte ci-dessous : un gastéruption à javelot, marrant mais pas sympa avec les abeilles solitaires. Son javelot lui sert à pondre au cœur de leur nid et sitôt né, le gastéruption junior dévore les larves d'abeilles. Voilà, vous n'êtes pas venus pour rien, mais ce ne sera pas facile à placer dans une conversation...

 



 

Si le cœur vous en dit, le panicaut est comestible. Il parait qu'il a un goût d'artichaut. Un artichaut à épines c'est pas banal... et pour les amateurs de champignons, il est connu pour être la plante hôte du pleurote du panicaut, qui est parait-il tendre et savoureux

 


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Commentaires: 3
  • #1

    Patoche (dimanche, 16 octobre 2022 17:22)

    Magnifiques images avec un texte très intéressant.

  • #2

    Marie Laure ROLLAND (mardi, 18 octobre 2022 13:24)

    Superbe Monique...très poétique

  • #3

    Rita Dutan (dimanche, 16 juillet 2023 11:15)

    J'adore le panicaut (améthyste dans mon jardin), ses insectes (y compris quand même, le gastéruption! que je ne connaissais pas) et votre façon d'en parler!
    Merci !