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Clochettes d'hiver



 

Il était une fois, une petite fleur blanche, qui ne craignait pas le froid (elle en a de la chance...). Du haut de ses 20 centimètres, elle brave fièrement les dernières rigueurs de l'hiver en courbant la tête, si fragile et si forte à la fois... Chaque année elle gagne la course des fleurs, elle est la première à annoncer la fin de l'hiver et l'arrivée prochaine du printemps. Elle fleurit fin janvier pour les sudistes et début février pour les nordistes et ne craint pas les flocons de neige, son nom lui vient sûrement de là. Chaque année c'est un vrai plaisir de voir ses clochettes se balancer au gré du vent, sous la douceur (fraiche) du soleil d'hiver.

Petit aparté pour les adaptes de grammaire (non pas la mienne...) après des débuts au féminin, le perce-neige est passé au masculin vers le 18ème siècle (on se demande bien pourquoi !...) et au pluriel les 2 formes sont acceptées : des perce-neige ou des perce-neiges (ça évite de se creuser la tête !) En occitan on l'appelle Traucanéu.

Dans le langage des fleurs, il symbolise la consolation, l'espoir, l'endurance, j'espère qu'il en pousse beaucoup en Ukraine...

 



 

Le perce-neige n'est pas un solitaire, il aime beaucoup la compagnie, peut-être pour se tenir chaud. On le trouve en bouquets, serrés ou dispersés, voire (mais c'est plus rare) en tapis de fleurs, étalé de tout son long sous les arbres, un vrai bonheur ! Le plus difficile est d'y choisir son sujet, de préférence en bordure de sentier, pour ne pas aller écraser ses voisines, déjà suffisamment dépitées de ne pas être prises en photo... Pour choisir une belle clochette, il suffit d'ouvrir les yeux, mais il faut aussi choisir l'arrière plan, car pour faire une belle photo l'arrière plan est aussi important que le sujet, sans parler de la lumière. C'est l'association des 3 qui donne un beau résultat.

 



 

L'arrière plan est souvent le plus délicat car, comme toujours, il faut se mettre à la hauteur de son sujet, et même quand on n'est pas très grande, 20 cm c'est bas... Mr Nikon, comme Mr Canon, Mr Sony et tous leurs copains, ont intégré un écran orientable derrière leur boitier. En fait il est orientable seulement en format paysage pour le mien, donc pour les photos en format portrait il faut encore se coucher sur le sol... ou adopter des positions que les non-photographes ne peuvent pas comprendre, pour caler son œil dans le viseur..

Donc, en posant le boitier sur le sol et en ouvrant son écran, on est quasiment à la bonne hauteur, il est vraiment très sympa ce perce-neige ! Il ne reste plus qu'à tourner autour de la fleur, par boitier interposé, pour trouver le bon bokeh (mot qui vous donne l'air savant pour désigner l'ambiance de l'arrière plan), très utilisé en macro-proxi. Souvent c'est la surprise, car ce qu'on imagine à 1m50 n'est pas du tout la même chose que ce que l'on voit à 20 centimètres de hauteur ! On croit avoir déniché l'endroit idéal et on se rend compte qu'un gros tronc barre l'arrière plan. Les branchouilles et les herbes sèches deviennent aussi nos ennemies. En fait on passe plus de temps à chercher le bon coin, qu'à faire la photo ! 

Une fois le tout calé, il ne reste plus qu'à jouer avec le tout premier plan et intercaler quelques feuilles entre l'objectif et le sujet pour flouter le bas de la photo et cacher les dernières herbes indésirables ou les éléments rebelles qui vous narguent au pied de la fleur .

 




 

Un bon plan aussi est d'avoir son sujet à l'ombre, et l'arrière plan au soleil. Pour peu qu'il ait des couleurs vert tendre ou de l'orange automnal apporté par les feuilles mortes sous le doux soleil d'hiver, le tout saupoudré d'un peu de rosée, il ne reste plus qu'à se régaler ! et si le perce-neige est givré, ça évite qu'il ne fonde trop vite...

Un autre avantage du perce-neige, c'est qu'il vit sa vie sous les arbres, il aime les sols riches, pas loin d'un cours d'eau, on peut donc aussi jouer avec les trouées de lumière dans les arbres pour leur donner des arrières plans artistiques.

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Le perce-neige se referme la nuit, sans doute pour mieux se protéger du froid et il attend le soleil pour ouvrir ses pétales, il a pitié des pauvres photographes obligés de se lever tôt pour l'admirer ! Alors les 3 pétales s'écartent et leur côté intérieur renvoie les ultras violets et attire les mouches, abeilles et autres insectes qui assurent sa pollinisation, pendant que sur le sol ou en sous-sol, les fourmis dispersent ses graines. Son pollen est la première nourriture annuelle des insectes qui s'affairent doucement autour d'eux, encore engourdis par l'hiver..

Sa clochette est composée de 6 pétales, 3 larges qui forment la silhouette de la clochette qu'on lui connait, et 3 autres, moitié moins longs et au bord incurvé, à l'intérieur de la fleur, au creux de la clochette. Ils ont sur le bord un accent circonflexe de couleur verte, comme un sourcil étonné sur lequel je fais la mise au point, c'est bien pratique. Elle a vraiment tout pour plaire cette petite fleur ! Il ne reste plus qu'à aller la saluer et déjà les premières violettes lui emboîtent le pas

  




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Commentaires: 6
  • #1

    Stef Paye (dimanche, 06 mars 2022 09:47)

    Jolie série �

  • #2

    Patrick Pichard (dimanche, 06 mars 2022 09:55)

    Superbes images et texte passionnant

  • #3

    Brigitte (dimanche, 06 mars 2022 19:56)

    Quel plaisir de te lire, et de se rouler par terre virtuellement, pendant que tu le fais vraiment, pour nous proposer ces très belles photos !
    Merci Monique !

  • #4

    Francis (lundi, 07 mars 2022 11:29)

    Magnifiques illustrations de cette fleur discrète.

  • #5

    Louis ferries (lundi, 07 mars 2022 22:40)

    Superbe récit et photo momo !! Merci pour ce moment d'évasion

  • #6

    Cécile (mercredi, 09 mars 2022 18:14)

    Magnifique les photos un vrai régal de lire . Merci Monique.