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Le membracide bison



 

Il était une fois, une sacrément drôle de bestiole, à la tête aplatie comme si elle avait oublié de s'arrêter au feu rouge et avait terminé sa course dans la voiture de devant ! La première fois que je l'ai vue, j'en suis restée baba, avec un peu d'affolement j'ai fait quelques photos avant qu'elle ne disparaisse d'un seul coup sans que je comprenne comment ! Intriguée j'étais !!! Dans ces cas-là on est bien content de faire de la photo pour pouvoir montrer la bébête, car la description est difficile.

 



 

Une fois sur l'écran, le vrai, pas le petit de l'appareil photo, évidemment c'est moins bien, je me suis rendue compte que dans la précipitation, j'avais fait la mise au point sur les pointes de son casque croyant que les yeux étaient là alors qu'ils sont en fait ils sont bien plus bas. Du coup il ne reste rien de cette première série, que j'ai juste gardé un certain temps pour l'identifier, car elle avait bien un nom cette espèce de punaise bouledogue !

 



 

Je vous présente donc le membracide bison. Je vous vois déjà dire : bison comme un bison ? hé oui, car il nous vient d'Amérique du nord où il est très courant (le membracide, et le bison aussi d'ailleurs). La famille membracide compte un peu plus de 3000 représentants à travers le monde principalement en Amérique et surtout en Amérique centrale, et 3 en métropole (j'isole la Guyane où il y a de sacrés drôles de spécimens...), dont notre bison qui est le plus répandu. le 2ème est appelée diable ou petit diable, c'est un peu une version noire du bison, mais perso je n'en ai jamais vu Si vous êtes un peu curieux, certaines photos sur internet valent le détour car c'est une famille d'insectes vraiment surprenants, cousins des cigales, des cicadelles et des punaises.

 




 

Vu de dessus, avec son presque centimètre, il est incontestablement l'insecte le plus punk de sa catégorie, tout en gardant des couleurs discrètes avec ses arrêtes jaunes et ses pointes noires. Vu de profil son air bovin lui donne un côté sympa ! son "casque" en triangle comprend 3 pointes 1 de chaque côté de la tête, qui font penser aux cornes du bison, et une sur le dos, sans doute pour se parer d'un mauvais coup. Il a 2 paires d'ailes transparentes comme les cigales, qui se terminent au-delà de sa carapace et 3 paires de pattes regroupées sur l'avant. Il peut donc s'envoler gentiment à l'approche du photographe et comme si ça ne suffisait pas, il a aussi une capacité de saut déconcertante qui vous laisse pantois, l’œil dans le viseur soudain vide de son sujet sans que vous ayez pu voir où il a bien pu avoir l'idée d'atterrir, grâce à ses pattes arrières trapues et puissantes qui le propulsent comme une catapulte.

 



 

Le membracide bison a une aptitude particulière au jeu de cache-cache, car il aime tourner autour du pot, ou plutôt autour de la tige sur laquelle il se trouve, au rythme du photographe bien sûr, sinon c'est pas marrant. Il aime aussi se glisser sous les feuilles et ainsi disparaitre discrètement pour se repoudrer et refaire sa mise en pli en pointes avant la photo, car le photographe qui n'est pas né de la dernière pluie comprend vite le truc. Au final, toutes ces "contrariétés" mises bout à bout, on comprend pourquoi on voit si peu de photo de monsieur bison.

 



 

Le membracide bison comme les punaises possède un rostre, une espèce de paille intégrée mais rigide, qu'il replie sous son ventre, qui lui permet de se nourrir en aspirant de la sève, comme les cigales, les cicadelles et bien d'autres.

Il aime la vigne, et les arbres fruitiers comme les jeunes pommiers ou cerisiers, du coup il est plutôt mal vu des jardiniers. La ponction qu'il fait n'est pas préjudiciable aux arbres ou à la vigne. Il est plus nocif lors de la ponte. Après les accouplements qui ont lieu en plein été, les femelles incisent l'écorce tendre des arbres sur environ 2 mm. Pour cela elle a une sorte de lame au bout de l'abdomen, pour tailler dans l'écorce avant de déposer ses œufs. Elle ouvre ainsi une entrée par où les champignons et d'autres ennemis de l'arbre peuvent s'insérer et se propager. Mais ça reste minime, ils ne sont pas assez nombreux pour causer des dommages qui pourraient nuire aux arbres.

 



 

Les œufs vont passer l'hiver ainsi, au creux du bois et sous une petite couche de cire. Ils écloront au printemps, et d'après ce que j'ai lu les larves sont très étranges, ce qui ne me surprend pas vraiment de la part du membracide ! Elles se nourrissent de sève de toutes les plantes herbacées qui leur tombent sous la patte mais elles ont une petite préférence pour le trèfle et la luzerne et les herbes humides des bords de fossés. Au bout d'un mois et après 5 mues, elles ont atteint leur taille adulte et elles sont prêtes à poser pour les photographes de passage.

 


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Commentaires: 3
  • #1

    Viviane Failly (dimanche, 13 septembre 2020 22:13)

    Passionnant Momo, bravo!

  • #2

    Jean-Bernard GODMET (lundi, 14 septembre 2020 07:35)

    Hello Momo, superbe série du Bison avec un commentaire top.
    Une question me vient : il put autant que son cousin la Punaise ?
    Bisous

  • #3

    Patrick Pichard (lundi, 14 septembre 2020 09:23)

    Incroyable cette bébête. merci pour cette minute culturelle Monique :D